En 2003, les éditions du Chêne (par l’intermédiaire d’Aymar du Chatenet, Imav) me propose d’écrire un livre sur René Goscinny avec Caroline Gutmann-Guillot, amie d’enfance d’Anne Goscinny. Un ouvrage qui aurait pour objectif de décrire l’homme, le père, le mari au-delà de l’œuvre qu’il a bien sûr laissée pour la postérité. Le livre paraîtra en 2005 (l’année de la sortie du film Iznogoud de Patrick Braoudé). Ce ce qu’on appelle couramment un « coffee table book » : un « beau livre », posé sur la table du salon, qui devient objet de décoration et qu’on ouvre et qu’on parcourt en buvant un tasse (ou tout autre liquide) sans obligatoirement commencer par la première page.
Dans le cadre de ce projet, on s’est réparti le travail avec Caroline. Elle a plus particulièrement traité le chapitre du Petit Nicolas, qu’elle connait sur le bout des doigts, et moi le chapitre Astérix. Pour Lucky Luke et Iznogoud, le travail a été réalisé plutôt en commun. Comme on s’entendait très bien (et c’est encore le cas), l’organisation était très simple à mettre en place. Dans ce cadre, il nous a semblé intéressant de proposer une interview de Jean Tabary sur la relation qu’il avait avec René Goscinny, leur façon de travailler, etc.
J’ai proposé à Caroline de faire cet interview et, suite à l’accord de ma co-auteur, j’ai donc appelé le génial co-créateur d’Iznogoud pour lui proposer un rendez-vous, en lui présentant le livre sur lequel nous planchions à cette époque-là. Aussitôt dit, aussitôt fait, Jean Tabary me propose une date pour qu’on se voit chez lui, à Pont l’Abbé d’Arnoult (Charente-Maritime). Il me semble que cela devait être en avril ou mai 2003, car je me souviens qu’il y avait chez lui un grand écran qui retransmettait le tournoi de tennis de Roland-Garros à ce moment-là.
Je prends donc ma voiture (on en a profité pour visiter cette belle région de Charente avec la petite famille) et je débarque chez Jean Tabary pour une après-midi très agréable pendant laquelle je dois bien avouer que j’ai dû un peu saouler de questions le pauvre auteur sur Goscinny, Iznogoud, etc. 🙂 Mais il a à chaque fois répondu avec une extrême gentillesse à toutes mes questions. Et pour couronner le tout, il m’a amené dans son atelier pour me montrer comment il travaillait, etc.
J’ai également eu droit à un beau dessin dédicacé d’Iznogoud :
D’ailleurs, on n’a pas parlé que de Goscinny pendant cet interview. On a également évoqué Totoche (je suis fan !), Corinne et Jeannot (évidemment !), mais aussi Valentin le vagabond ou Grabadu et Gabaliouchtou, les deux héros les plus cons de la bande dessinée (dixit Gotlib). Du coup, je suis reparti avec une valise de BD des éditions Tabary ! Adorable !
Bref, ce moment passé avec un « dinosaure » (au sens positif du terme) de la BD française s’est révélé être un délicieux intermède en compagnie d’une personne attentionnée et qui a pris le temps de me donner toutes les informations dont j’avais besoin. Les grands hommes sont souvent simples, humbles et généreux. Jean Tabary en était l’exacte démonstration !
Et bien sûr, vous pouvez lire l’interview en question dans le livre « Goscinny », aux éditions du Chêne. Bonne lecture ! 🙂 En voici la première page (l’interview complète en compte 6) :
Image du bandeau : René Goscinny et Jean Tabary. © INA.